LES LIQUEURS
LES LIQUEURS
L'Histoire :
C'est aux marchands hollandais du
milieu du 17e siècle que l'on attribue l'idée de faire macérer dans
l’alcool les substances végétales les plus diverses afin d’en extraire
la quintessence aromatique. Soucieux de tirer ainsi profit de leurs invendus et
des bigarades impropres à la consommation après le long voyage des îles, ils ne
se doutaient pas que leur découverte était appelée à régaler de nombreux
amateurs, attirés par ce qui fait le charme premier des
crèmes et liqueurs : des boissons légèrement alcoolisées, offrant une
gamme de couleurs et de saveurs quasiment infinie.
La « recette » de fabrication de la liqueur est tenue secrète par leurs fabricants.
Seul trois éléments de base que l’on utilise toujours
pour l’élaboration de la liqueur :
L’alcool (Il a un
double rôle dans l'élaboration des liqueurs)
- Il aide à la conservation du produit
- Il aide au dégagement des parfums (très volatile).
Les substances
aromatiques :
Les
préparations se font par macération ou infusion d'une substance aromatique dont
les principales sont :
Racines
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Ecorces
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Herbes
|
Feuilles
|
Fleurs
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Fruits
|
Graines
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Gentiane
Guimauves Réglisse |
Cannelle
Citron Orange Quinquina |
Angéliques Absinthe
Sauge
Thym |
Laurier
Menthe
Oranger Tilleul
Verveine
|
Camomille
Citronnier
Gentiane
Houblon Jasmin Lavande Violette |
Abricot
Ananas
Anis
Banane
Cerise
Coing
Framboise
Groseille
Orange
Pêche
Pruneau
|
Café
|
Le sucre :
Les liqueurs
doivent contenir 100 g de sucre par litre au minimum. Les crèmes doivent
contenir 250 g/sucre/l au minimum sauf pour la crème de cassis qui peut
contenir 400 g/sucre/l.
C'est le sucre de canne qui est principalement utilisé.
La fabrication :
Les premières liqueurs se caractérisaient surtout par leur âpreté
ou leur goût de médicament... jusqu'à ce qu'on songe à les adoucir avec
du sirop de canne à sucre, puis avec du sucre, tout simplement. Dès
lors, plus question de concevoir une liqueur sans son ajout sucré.
Depuis le 28 juillet 1908, un décret gouvernemental
définit d’ailleurs précisément l’appellation "liqueur", et notamment la teneur
minimale en sucre exigée dans sa production. Pour bénéficier de l’appellation
officielle, une liqueur doit ainsi contenir au moins
100 grammes de sucre par litre (teneur exprimée en sucre inverti*).
Pour les crèmes, ce minimum est
porté à 250 grammes de sucre par litre, à l’exception de la
crème de cassis qui doit en contenir un minimum de 400 g/l. Il existe toutefois
quelques dérogations. Ainsi pour la gentiane, la teneur en
sucre minimale est abaissée à 80 g/l si la liqueur est élaborée sans autre
substance aromatisante que la gentiane.
Enfin, pour les liqueurs de cerise,
la teneur en sucre minimale est abaissée à 70 g/l si l’alcool éthylique
du produit est constitué exclusivement par une eau-de-vie de cerises. Quant au
titre alcoométrique volumique de la liqueur, celui-ci doit être de 15 % au
minimum pour être conforme à la norme admise par l’Union européenne.
Le sucre
Le sucre fournit une très bonne
matière première. Tout d’abord, c’est un exhausteur de goût qui
a pour effet de mettre en valeur, de sublimer en quelque sorte, les arômes,
grâce à ses propriétés organoleptiques. Ensuite, il agit comme un agent
conservateur et stabilisant, particulièrement efficace dans le domaine
des fruits rouges qui ont la chair fragile et dont la qualité se dégrade
rapidement. Enfin, la structure du sucre donne du corps, de la
consistance, de la viscosité au liquide issu de la macération, et permet sa
concentration.
Actuellement, ce sont près de 20 000 tonnes
de sucre qui prennent chaque année la direction des cuves et des
mélangeurs des liquoristes français. Il s’agit principalement de sucre
blanc cristallisé ou de sirop de glucose, ou encore de mélange sirop de
glucose et saccharose, auquel s’ajoute parfois du fructose, voire du miel. Selon
les recettes et les produits, la teneur en sucre au litre est assez variable,
par exemple : 220 grammes pour le Cherry Rocher, 275 grammes pour le Cointreau
ou même jusqu’à 500 grammes au litre pour la Marie-Brizard.
Succès intemporel et universel
Les liqueurs doivent leur succès
intemporel et universel aux ingrédients naturels ou d'origine
naturelle qu’elles associent et à la richesse des combinaisons aromatiques : du
sucre, de l’eau-de-vie de vin ou de l’alcool neutre et toute substance végétale
offerte par la nature (fruits, fleurs, plantes, herbes, écorces, racines,
graines, fèves).
Mais elles sont tout autant aussi aux
liquoristes eux-mêmes, gardiens de recettes tenues
secrètes et maîtres d’œuvre d’un savoir-faire transmis de génération en
génération. Leur art et leurs recherches leur ont permis de traverser les
époques, de s’adapter aux nouveaux styles de vie et de conserver aux liqueurs
leur pouvoir de séduction. Autrement dit, de réussir le passage obligé
entre tradition et modernité, comme l’ont accompli de prestigieuses
marques et maisons à l’image de Rocher, apparue dès 1705, Marie-Brizard, fondée
en 1762 à Bordeaux, Get (1796), Grand Marnier (1827), L’Héritier-Guyot (1845),
Cointreau (1849), La Chartreuse (marque déposée en 1852), Bénédictine (1863) et
bien d’autres encore...
Les innovations
Comme pour d'autres métiers de l'alimentaire, les
liqueurs et leurs méthodes de fabrication relèvent d'une tradition
séculaire. Mais les chercheurs sont toujours à l’affût d’avancées
technologiques, en particulier pour optimiser les rendements d'extraction (à
partir des plantes et des fruits) ou encore pour mieux appréhender les qualités
sensorielles de ces produits.
Pour des raisons évidentes, les procédés
techniques restent confidentiels, mais l’abondance des brevets de
nouvelles formulations témoigne, au niveau mondial, de la vitalité du secteur en
matière de recherche et développement. Les Chinois disposent même, depuis les
années 1980, d’une revue dédiée, comme son titre l’indique (Liquor-Making
Science & Technology), à la technologie des liqueurs.
Tendances
Aujourd’hui, le marché est tiré vers le haut
par les liqueurs dites modernes qui viennent compléter les
liqueurs traditionnelles. À l’exemple de la Manzana Verde (pomme verte),
inconnue voici quelques années, et qui représente désormais 1,5 million de cols.
Elle symbolise l’émergence des parfums nouveaux (type mangue,
pêche, litchi...), de produits très "tendance", latinos, épicés, très axés
long-drinks ou cocktails, et moins alcoolisés. Les lieux et les moments de
consommation ont changé, s’inscrivant aujourd’hui dans un
univers à la fois plus jeune, plus sophistiqué et plus féminin.
Si la fameuse crème de cassis des
apéritifs garde ses nombreux adeptes, avec 75 % environ de consommation
domestique, elle est aujourd’hui entourée de générations de boissons aux goûts
et aux couleurs originaux qui n’ont nullement besoin d’être vieillies dans des
foudres centenaires pour acquérir leur saveur ou leur finesse. Un argument de
poids qui, entre produits branchés et fleurons de la grande tradition
liquoriste, permet également aux marques françaises de conserver tous
leurs attraits sur le marché international.
Sources :
* Mélange liquide de glucose et de
fructose obtenu par hydrolyse du saccharose. Le sucre inverti est notamment
utilisé en confiserie, glacerie ou pâtisserie pour ses propriétés humectantes et
anticristallisantes (Liqueurs, Ramsay).
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